mercredi 17 juillet 2013

Sans titre









Diptyque 400 €

Au gallo-tanate























Quercus humilis Miller 1768. Chêne pubescent.
17 mai 2013, 12 h/16 h. Vent de sud et grosse drache.
Encre gallique sur toile 60x60 // Croquis A3

Aux premières chaleurs du printemps sur un chêne, une guêpe (Cynips quercus) pique une jeune feuille pour y pondre son œuf et un message secret. Une petite pomme va alors bourgeonner, la protéger et la nourrir.
Ces galles sont la partie du chêne la plus riche en tanins. Broyées, décoctées, mélangées avec de la rouille, elles produisent de l’encre gallique ou encre au gallo-tanate de fer. Il y a 2 500 ans les Égyptiens l’utilisaient et les manuscrits du Moyen Âge témoignent de sa longévité.

Au soleil, il paraît qu’elle vire au rouge (à la pluie, elle coule).
J’ai longé la haie avec la brouette-échelle à fruitier pour trouver la bonne branche de chêne, celle avec des jeunes galles dessus et mon menton dessous.









































pour voir le film, cliquez 


À hauteur de brouette





Eucalyptus parvula L.A.S.Johnson & K.D.Hill 1991
Gommier à petites feuilles. 
14 mai 2013, 11 h/15 h. Vent thermique de fin de matinée, 20 km/h.
Bleu de pastel dilué sur toile 60x60 // Croquis A3

Le bleu de pastel issu de la tinctoriale offre les transparences espérées lors du jour du pommier. Je pars voir sa majesté l’eucalyptus avec la brouette chargée de possibles.
Au bout la haie, une chicane d’Ali Baba laisse se faufiler un courant d’air sur les branches basses. Elles sont à hauteur de brouette, ce qui me permet de lui donner une augmentation et de lui faire la part belle dans le croquis du jour. 
Une leçon d’humilité qui ne fera pas de mal à l’eucalyptus.
La pluie arrive et je me questionne sur la pertinence de cette haie.



Vendu collection privée

Je me colle à sa taille

























Ficus carica L. var sativa Fiori // Figuier
13 mai 2013, 11 h/14 h, puis de 16 h le 13 mai à 10 h le 14 mai. Vent thermique de fin d’après-midi, 20 km/h et mouvements de la scie égoïne.
Huiles sur toile 30x30 // Croquis A3

Le figuier a les branches qui pointent vers le haut : pas question de compter sur la gravité pour faire couler l’encre. Il faut que ça pègue. L’huile de lin est là, avec du pigment noir récupéré au fond d’une malle. Les trois toiles verticales sont en contact des jeunes pousses, mais toujours pas de vent, et toutes ces branches mortes. Les jardiniers sont à la bourre, alors je me colle à sa taille avec plaisir, au sécateur et à l’égoïne. Me voici dans l’arbre en suspens, à le secouer de la scie comme un prunier. J’oublie les toiles et fais au figuier sa toilette de printemps. Les premiers visiteurs arrivent : 

— Alors vous coupez quoi, là ? Et ça se taille les figuiers ?
— Juste les mortes, pas plus. À cette époque il y en a beaucoup à cause du gel.
— Ah ça oui ! le gel…
— Pour le reste, il vaut mieux le laisser tranquille…
— Et vous n’utilisez pas de scie électrique ?
— Malheureux ! Tout ce bruit pour des branches si petites…
— Ah oui (déçu). Allez, bonne journée.  Bonne journée tout le monde !

Et ils s’en vont.

Le figuier reste pour moi un mystère, je n’ai jamais rien compris à sa fécondation. Je décide de laisser une toile toute la nuit en témoin.






D'un pépin de parents inconnus






Malus sylvestris Miller subsp mitis (Wallr.) Mansf // Pommier semi-sauvage
10 mai 2013, 11 h/14 h. Mistral, rafales à 30 km/h.
Encre de Chine sur toile 60x60 // Croquis A3.

J’ai bien regardé, il n’y a pas de tables, ou elles sont trop basses pour la branche qui sort de la haie et fait face au nord. Enfin je peux construire une structure en bambou (faire ce que j’avais prévu). Début lents de la pointe de la feuille lancéolée qui trace des traits continus. Le mistral s’en mêle, efface les premiers traits timides. Ils sont en partie sous la grosse masse noire. Je dois chercher d’autres encres, trouver une transparence où l’épaisseur du temps sera visible.

Ce pommier est franc de pied, c’est-à-dire qu’il n’est pas greffé, donc issu directement d’un pépin de parents inconnus.




Don au musée de Salagon/ CG 04

Pique-nique ad hoc






Salix babylonica L. 1753 Section-Fragilis // Saule pleureur
9 mai 2013, 11 h/14 h. Vent thermique, 10 km/h, rafales à 25 km/h.
Encre de Chine sur toile 120x120 // Croquis A3

Je me suis encore laissé rassurer par des prévisions inutiles (météo, projet de trépied pour rehausser le châssis) alors que tout est là, à condition de laisser venir. 

Le vent faible mais régulier, ponctué de petites pointes, qui me laissent l’intervalle idéal pour déposer l’encre sur les feuilles.

Sous le saule parasol, les tables de pique-nique ad hoc. La toile posée dessus est juste au contact des branches basses. Le temps du dessin sera donc le temps du repas au bord des vignes, à l’ombre des branches verticales.

En partant nos voisins nous annoncent du mistral pour demain.
Les prévisions font oublier d’être attentif au présent.

Salade de pâtes, olives, tomates, fromages, sésame, saucisson très aillé, fromage de chèvre, pain, pommes molles mais bonnes, café et chocolat.