mercredi 30 juin 2010

La Ciotat, allée Lumière

Scotch et bic.

D'ici là point zéro

Les invasives sont toutes endémiques de quelque part.

Dans les jardins contemporains, l’ornement à fait son temps.
La fabrique d’une nouvelle esthétique se tourne vers une quête de sens, qui passe par la connaissance du vivant et des mécanismes d’évolution.
Comprendre ce qui nous entoure nous permet d’en avoir moins peur et contribue à créer un sentiment d’appartenance au monde, et à la prise de conscience de notre responsabilité de gardien.
La collaboration avec le Groupe Dune  œuvre en ce sens, à Marseille, avec l’expérience d’espace public qui a eu lieu sur le toit de la Friche la Belle de Mai.

Il s’agissait d’observer les plantes capables d’adaptation extrêmes aux conditions de sécheresse, dans des carrés de 1m, avec comme seul arrosage l’eau de pluie récupérée. L’expérience cherche à établir des ratios quantité d’eau/surface jardinée avec des plantes qui sont venues avec le vent ou les insectes. L’évolution des peuplements, leur déplacements est cartographié.
Ces végétaux sont une base floristique pour les espaces verts de la Friche. 
L’expérimentation constitue la matrice de cet espace hors sol, avec vue mer.





 


Tout était là, il n'y avait qu'a choisir un ordre et mettre en place. Les carré se sont susscédés, au gré des installation du Groupe Dune, qui mettait en scène l'espace par le son, puis la lumière.
j'ai écrit quelques texte qui raconati l'histoire de ce jardin, ses surprises, ses amis de passage, Phill Voge, Mathieu Delmas, Marie Pierre Grégoire, Nicolas Gilly. Il ont apporté leur savoirs et leur désirs dans ces carrés.



Madeleine
Madeleine voulait son carré.
Impatiente de manipuler la matière, de partir en chasse au trésor sur le toit.
Elle y trouve des semis de frênes (fraxinus exelsior), issus sans doute du seul qui est en bas, à l’angle de la cours Jobin.
Courrant d’air ascendant à l’assaut des façades, parachute doré.

Tatami
Un jour sur le toit, un tatami est arrivé
Asiatique insomniaque, somnambule, discorde conjugale?
Dans l’attente de décompositions, substrat propice aux levées,
Il fait la joie d’autres nidificateurs.
Puis calmement, un jour de pluie, on ajoute les frênes trouvés dans la vase du bassin.
On accélère un peu, c’est parfois long d’attendre.

Robert
Robert a eu un accident.
Un homme tombé du ciel,
Lui est tombé dessus.
Il a fallu replanter Robert,
Heureusement, Robert aime s'essaimer.

Vénus
Mystère épais du jardin.
Ce nombril est la seule zoochore du toit (les autres plantes sont anémochores) :
C’est donc un animal qui transporte ses graines. Fourmis égarées ?
Il a suffi d’une étiquette, pour que plante et nom disparaissent. Envolés.
Un drôle d’oiseau a pris les deux. Désir botanique.

Eol
Le vent est un jardinier.
Il produit des effets et laisse des traces.
Les effets sont mouvement invisibles.
Les traces sont usures et semis.
Le vent est un lien.

Le pré
D’une grande diversité à la plantation, il ne reste que des graminées, venues d’ailleurs. 
Déterminisme du nom et surprises des dynamiques végétales.

L’archipel des endémiques invasives.
Second temps du jardin : une récolte des milieux côtiers.
Expérience parasite pour voir comment se passe le passage du niveau zéro au cinquième étage. La rencontre entre les endémiques et les invasives.
L’ascenseur social.












    
Lichen
Lichen est symbiose entre algue et champignon.
L’une pour la lumière, l’autre pour la matière.
Exemple à suivre de vie en partage.
En scrutant le sol avec attention on trouve des drôles de petits cailloux jaunes (xantoria parietina)








Manitoba
On pourrait ici évoquer l’émergence d’un archipel, l’appel au voyage, l’enfance.
C’est aussi la récupération d’un reste de goutière, coupée pour remplir un réservoir. Tube de fonte transformé par le regard, l’intelligence et la malice d’un jardinier ami. 
Faire avec ce qui est présent est la première règle du jardinage.
Jardiner donne de la suite dans les idées.















Valérianne
Une seule valériane sur le toit.
Elle cultive l’ambiguïté, entre ornement et mauvaise herbe. Poète maudit.



Réponse du milieu
Une plante arrive, s’installe parfois avec démesure.
Une présence importante favorise l’arrivée d’un grand nombre de prédateurs :
Le milieu réagit toujours vers l’équilibre.
L’homme, cède à ses craintes et ses transferts. Sans recul, il fabrique les invasives. Trop facile pointage du doigt sur un coussin piquant.
Ici donc, Griffes de Sorcières (Carpobrotus edulis) et Coussins de Belle Mère (astragalus tragacantha) s’unissent.
Association d’une endémique placée sous haute protection et d’une invasive à éradiquer. Autre faux débat sur l’identité nationale.